
Je vais faire l’ultracrépidarien ici:
J’ai suivi, avec mon frère et demie, presque tout le film (mis à part la scène d’intimité de Daniel et Olivia – coupée par l’employé.e qui était derrière le rétroprojecteur – et celle de bagarre entre Daniel et Sese) hier soir chez les Bandibu à l’Institut Français de Kinshasa.
Synopsis : La vengeance de Daniel est un plat qui se mange une Primus bien tapée à la main gauche (comme l’amant d’Olivia sait si bien le faire), une rumba chaude dans les reins, chantée au micro par Hénock Kiyombo dans le rôle de l’artiste-musicien, (rôle que Fally Ipupa avait refusé d’incarner) le coeur gonflé de l’absence de l’être aimée. L’être aimée c’est la fille à la beauté sculptée par Dieu: Olivia l’Antigone, Olivia la Maryline Monroe, Olivia la femme de chambre (qui ne veut pas rester à sa place malgré les conseils de Mamelo) – qui déteste être couturière – nuitamment étouffée jusqu’à la mort, parce qu’elle a surpris Sese le patron du Bar-Restaurant qui l’embauche en train de trahir tout le Congo (sa propre soeur y compris) aspirant à lipanda auprès de Monsieur le Roi Léopaul. Ce n’est pas la prison qui va arrêter son ami Daniel dans sa détermination à faire la lumière sur cette ténébreuse affaire d’assassinat dans lequel on l’implique à tort. Coup de son appareil photo sur la tempe de Sese tchak! !! paraît-il que c’est comme cela que l’on punit les traîtres, hein bampangi ya Vincent, qui, pour assurer leurs arrières, sacrifient tout sur leur passage, peu importe ta beauté diabolique et ton raisonnement angélique: amitié, relation de bon voisinage et de travail, fraternité et sororité.
Critique (subjective): Le film est peut-être surcoté, nous sommes allés le regarder avec la ferme conviction que l’aigle, qui a conquis tous les cieux par ses chants, allait transposer par un miracle que lui-même ne saura pas expliquer, son talent d’artiste dans le cinéma et devenir Léonardo DiCaprio « Catch me if you can » das Rumba Royale). Nous sommes aussi allés le regarder la tête plein les souvenirs des meilleurs films produits dans les industries cinématographiques que sont Hollywood, Bollywood, Nollywood, Collywood et toutes les autres copies, qui influencent notre rapport aux premiers films, aux films de débutants.
Ce métrage, lui, est moyen, normal c’est une tentative d’entrer et de faire entrer véritablement le 7e art dans ce pays-pépinière des talents. Mais on a payé, nous, pas d’excuse aux producteurs. C’est une belle tentative, en effet. Une promesse que le prochain sera à la hauteur de nos espérances et de nos attentes ou pas. (On se rappelle Viva Riva qui, en son temps, avait poussé le bouchon très très loin dans l’audace, la démesure et le ton libertin pour une société hypocrite et faussement puritaine, allô La Papillon Bleu, Nzau Lembe et qui avait essuyé des critiques de Mongo Beti à Laye Camara)
Le titre est une belle trouvaille mais la rumba patrimoine immatériel n’est pas présente dans ce film, comme elle l’est aujourd’hui dans nos coeurs, comme elle était hier, très présente avec toute son aura dans les cours, les bars et les lieux de détente à l’époque coloniale. J’aurais aimé que Fally Ipupa soit le musicien et qu’un autre joue le photographe Daniel.
L’artiste a fourni un effort pour bien incarner son rôle, rôle joué dans la langue des autres, mais mais. La rumba est indissociable de la langue dans laquelle elle est produite. Peu de lingala dans le film. On pouvait sous-titrer et expliquer aux non-Congolais mais mais, Bienvenue à Marly-Gomont a fait un peu mieux que Rumba Royale en mon sens. Les producteurs ont plus ou moins réussi à recréer l’atmosphère des années Flamandes et des nuits congolaises avant l’indépendance mais c’est un peu trop forcé, pas à mon goût. Des acteurs.rices comme Cécile Djunga dans le rôle d’Amandine, comme Ahmed Molase ont fait leur taff comme ils savaient, comme ils pouvaient…
Le seul punch line dnas tout le film est sorti de la bouche d’Amandine, une réplique/répartie d’anthologie, à son frère SESE qui ne veut pas que les Mindele partent car il ne lui restera rien : « ce sera au moins notre Rien ! »
Nous sommes restés jusqu’à la fin, regardant mes collègues français, des cinéphiles congolais déçus et des curieux repus sortir un à un et aller critiquer vertement comme ils savent bien le faire au restaurant de l’IFK (« ça frôle la palme d’or-là »)
J’ai appris que Youssoupha le poète manqué aussi a fait son entrée au cinéma. Je regarderai si possible son film et vous ferai un retour de lecture. Tokoss !
Signé Yann Kheme
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